Page:Twain - Plus fort que Sherlock Holmès.djvu/196

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sence d’esprit dans les circonstances pathétiques de la vie sont faits assez connus pour que je les passe sous silence. Toutes les idées qui me traversèrent le cerveau pendant que l’ours dévalait sur moi auraient eu peine à tenir dans un gros in-octavo. Tout en chargeant ma carabine, je passai rapidement en revue mon existence entière, et je remarquai avec terreur qu’en face de la mort on ne trouve pas une seule bonne action à son acquit, tandis que les mauvaises affluent d’une manière humiliante. Je me rappelai, entre autres fautes, un abonnement de journal que je n’avais pas payé pendant longtemps, remettant toujours ma dette d’une année à l’autre ; il m’était hélas ! impossible de réparer mon indélicatesse car l’éditeur était décédé et le journal avait fait faillite.

Et mon ours approchait toujours ! Je cherchai à me remémorer toutes les lectures que j’avais faites sur des histoires d’ours et sur des rencontres de ce genre, mais je ne trouvai aucun exemple d’homme sauvé par la fuite. J’en conclus alors que le plus sûr moyen de tuer un ours était de le tirer à balle, quand on ne peut pas l’assommer d’un coup de massue. Je pensai d’abord à