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Page:Twain - Un pari de milliardaires, et autres nouvelles.djvu/150

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pour la remplacer par lesdites photographies, et que — je m’en souvins tout à coup — j’avais remis la susdite lettre de crédit dans une de mes poches.

Je le prouvai d’ailleurs immédiatement, à la satisfaction générale en fouillant dans ma jaquette et en exhibant la précieuse lettre d’un air plutôt joyeux.

Les membres du tribunal se regardèrent non sans un certain ahurissement, puis me regardèrent, puis se regardèrent de nouveau ; finalement on me congédia, en insinuant qu’il était peut-être peu prudent de me laisser en liberté. Ils me demandèrent aussi ma profession. Je répondis que j’étais courrier. Alors ils levèrent les yeux au ciel, avec componction, en disant : « Du lieber Gott ! » Après les avoir remerciés en peu de mots, et très poliment, de l’admiration qu’ils me témoignaient, je filai à la banque.

Toutefois, ma qualité de courrier m’obligeant à procéder par ordre, et à faire systématiquement chaque chose en son temps, je brûlai la banque et aiguillai dans la direction des deux membres de la caravane que j’avais laissés la veille dans le pétrin. Je pris un fiacre qui se trouvait flâner par là.

Je ne m’attendais pas à faire de la vitesse, le cheval me paraissait un animal de tout repos, et puis, au fond, un peu de farniente ne me déplaisait pas.