Page:Twain - Un pari de milliardaires, et autres nouvelles.djvu/26

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Tod, rassemblez tout ceci et envoyez-le sans perdre une seconde à l’adresse de monsieur qui voudra bien vous indiquer où il demeure. Ne craignez pas de faire attendre les autres clients qui viennent d’entrer et mettez-vous exclusivement aux ordres de monsieur.

— Je suis en train de déménager, répondis-je ; aussi vais-je vous donner ma nouvelle adresse.

— Parfaitement, Monsieur, comme il vous plaira. Voici la sortie. Au revoir, Monsieur, au revoir !

Comme bien vous le pensez, je tirai parti de la situation et continuai à acheter tout ce qui me manquait en essayant de changer mon billet. Au bout d’une semaine j’étais équipé à neuf, très élégamment, et j’avais pris pension dans un hôtel somptueux de Hanovre Square. J’y prenais mes repas du soir, mais pour le déjeuner j’étais resté fidèle à l’humble gargote de Harris, où j’avais mangé mon premier déjeuner sur présentation du fameux billet d’un million de livres.

J’étais devenu le « clou » du restaurant et lui valais une vogue immense : comme une traînée de poudre le bruit s’était répandu que l’individu qui trimbalait un million de livres dans son gilet était le pensionnaire assidu de la gargote ; cela suffit pour transformer cette pauvre guinguette, qui fai-