Page:Ujfalvy - La Hongrie, son histoire, sa langue et sa littérature.djvu/97

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point le poète, que le jour où il fallut mourir pour la liberté de son pays, il se précipita au devant du sacrifice, sentant qu'avant tout il était le fils de la Hongrie, et que dans ce moment suprême, elle lui demandait son sang et non des vers. La vie et la mort de Petöfi ont été consacrées à son pays; il l'a chanté en poète et servi en héros. Il a souvent aimé, mais même alors il semblait chercher, sous les traits charmants de ses jeunes idoles, les traits adorés de la patrie magyare. « Si tu veux comprendre le poète, a dit Gœthe, il faut aller dans la patrie du poète. » N'est-il pas également vrai que, pour les âmes qui sentent vivement et juste, lire un poète national, c'est-à-dire un poète demeuré de son pays par le cœur et devenu universel par le génie, lire ses vers, c'est s'initier à la vie intime de son pays? Si, la mémoire remplie des chansons de Béranger, on se met à parcourir la France, à l'étudier de près, on retrouvera bien vite, en entendant causer le soldat, le paysan, le jeune homme et le vieillard, les accents de notre cher et grand poète; on reconnaîtra cette ironie si vive et si gaie, cette fidélité légère, cet esprit libre et ce cœur profond.