Page:Ulbach - Auguste Vacquerie, 1883.djvu/33

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tent. Ils ont frappé à coups de massue sur cette petite bluette. Mes anciens amis, inter quos Rolle, m’ont assommé, et comme Rolle est pesant, je suis écrasé.

Je n’ai trouvé d’amis que chez mes ex-ennemis, Gautier, Meurice et vous. Mais je n’ai pas perdu au change. Les autres s’étaient servis de moi, mais ne m’avaient jamais franchement accepté. Je crains bien qu’au fond ils ne détestent la poésie.

En quoi, ils font comme le public. Avez-vous remarqué comme on a applaudi la contre-partie lancée contre les poètes ? Où je n’avais vu qu’un jeu et une boutade amoureuse, on a saisi avec empressement des épigrammes, et on ne m’a applaudi volontiers que là où je me sifflais.

Enfin, c’est de votre côté, et seulement de votre côté, qu’est la vie, avec la passion, la colère, la générosité, l’amour de l’art, en un mot, tout ce qui s’appelle la vie.

Cette année a été pour moi une bonne année, puisqu’elle a amené un rapprochement qui devait se faire tôt ou tard, et qui chez moi est déjà de l’amitié, et une sincère amitié.

Je vous serre les mains bien cordialement.

F. Ponsard.

Tout commentaire est superflu. Cette lettre est une abdication et un cri douloureux. Elle est la plus grande preuve de la sincérité littéraire de Ponsard : il valait mieux que ses œuvres.

Je crois avoir dit l’essentiel sur Vacquerie, journaliste et poète ; je n’ai pas tout dit. Il me faut restreindre le portrait au cadre qui m’est tracé. J’aurais besoin d’écrire plus qu’une bro-