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Page:Ulliac - Souvenirs d une vieille femme v1.djvu/315

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dant il me répétait souvent, à propos des romans Que je composais ou que je traduisais : Tu feras mieux que cela. Quel était ce mieux ? Peut-être mon père n’en avait-il qu’une vague idée ; mais je sentais en moi des aspirations, vagues aussi, vers une autre voie que celle que je suivais. Avant de devenir auteur, j’avais aimé de passion les romans à grands fracas ; depuis, mon goût s’était épuré : j’avais compris que la vie humaine doit être présentée telle qu’elle est, et non telle que la fait souvent l’imagination du romancier. Je sentais aussi le besoin de donner une portée sérieuse à mes écrits ; ignorante comme je l’étais, je n’entrevoyais même pas le moyen de faire autrement ni autre chose que ce que je faisais. L’instruction élémentaire m’avait manqué ; il fallait donc étudier, même pour mes traductions, ces livres que beaucoup de personnes plus jeunes que moi savaient par cœur ; je ne me décourageais pas. Déjà, grâce aux produits de ma plume, le nombre de nos dettes avait beaucoup diminué ; nous vivions dans la gène, pourtant je voyais approcher le moment où nous ne devrions plus rien à personne, et ne plus rien devoir c’est être riche.