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Page:Ulliac - Souvenirs d une vieille femme v1.djvu/316

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Un jour, les feuilles publiques nous apprirent que M. le comte Camille de Montalivet, succédant à son père et à son frère aîné, qui avaient cessé de vivre, était venu prendre place au milieu des pairs de France ; sa noble mère l’accompagnait sans doute. En effet, madame la comtesse douairière de Montalivet était arrivée depuis peu à Paris. Si nous n’avions pas été aussi pauvres que nous l’étions alors, il n’y eût pas eu d’hésitation dans ce que la reconnaissance et les souvenirs du passé inspiraient à mon père en cette circonstance : il aurait écrit pour demander la permission de se présenter ; il ne rougissait pas de ses habits râpés, mais il n’en voulait pas non plus faire étalage. Sans se rendre compte positivement des changements qui s’étaient opérés en lui, il ne sentait pas son esprit aussi libre qu’autrefois ; et puis il craignait de se placer lui-même, en apparence du moins, au nombre de ces solliciteurs dont la foule entoure les grands.

Après bien des discussions et des débats, il fut décidé que je tenterais d’être reçue par madame la comtesse de Montalivet, sans faire précéder ma visite d’une demande d’audience, demande qui aurait donné à cette visite une certaine impor-