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LETTRE SEIZIÈME

Il ne lit pas, il ne peut lire dans mon cœur, le cher bien-aimé, sans quoi il y verrait combien j’aspire, moi aussi, à l’heureux moment où, tombant dans ses bras, j’abandonnerai mes lèvres à ses baisers.

Après tout, on ne peut, n’est-ce pas, chère Albertine, en arriver là sans préparer un peu sa chute ?

On nous dit coquettes et dissimulées ; nous le sommes, j’en conviens, et bien nous en prend ; où en serions-nous sans cela, bon Dieu ! et que penseraient de nous ces messieurs ? Et puis, n’est-il pas de toute justice qu’ils payent cher ce qui paraît leur faire tant de plaisir ?

Je veux que mon Lucien attache le plus haut prix à sa victoire ; aussi, je la lui dispute obstinément, pied à pied ; mais comme il sera récompensé de ce qu’il souffre pour l’amour de moi ! Il ne s’attend pas à tous les dédommagements que je lui réserve !