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UN ÉTÉ À LA CAMPAGNE


C’est en proie à ce songe, — ô classique Athalie,
Bien différent du tien, — que se tord Eulalie ;
C’est sous la pression de ce rêve excitant
Que des mêmes désirs Anaïs assaillie,
Découvre les trésors de son sein haletant,
Murmure un nom tout bas, et s’agite et s’étend.

Cette fièvre d’amour se changeant en martyre,
Chacune glisse enfin vers l’aimant qui l’attire ;
Ce ne sont plus alors que soupirs, cris confus,
Efforts désespérés plus que ceux d’un satyre,
Pour souder en un seul leurs deux corps confondus,
Qui tremblent convulsifs par le plaisir tordus.

Après ce premier choc, commença la mêlée,
Bizarre, impétueuse, ardente, échevelée ;
Ces femmes s’étreignaient, beaux serpents enlacés,
Sans trêve ni merci pour leurs muscles lassés,
Et la lutte dix fois s’était renouvelée
Avant qu’une des deux voulût crier : « Assez ! »

. . . . . . . . . . . . . . . . .

Pendant ce temps Phébé, de sa lueur sereine,

Dévoilait les secrets de cet accouplement ;
Son gros œil étonné se fixait sur l’arène,
En amateur charmé que le spectacle enchaîne,
Et qui ne s’en va pas s’il n’a son dénoûment ;
La déesse trop tard restait au firmament.