Page:Un été à la campagne, 1868.djvu/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
11
LETTRE DEUXIÈME


j’aurais été obligée, bon gré malgré, d’y renoncer.

Plaisanterie à part, mon beau petit ange adoré, cette idée de te remplacer, je l’ai eue parfaitement. Tu connais mon tempérament et mes principes : l’un me commande impérieusement la jouissance, obtenue n’importe par quel moyen ; quant aux autres, ils ne me laissent à cet endroit aucun scrupule, aucun remords, et si j’avais trouvé un sujet digne de tenir ta place, j’aurais immédiatement tenté sa conquête. Mais je te dirai que, de l’observatoire que je me suis fait pour embrasser d’un seul coup d’œil tout le dortoir, après avoir assisté plusieurs soirs de suite, incognito, au coucher de ces demoiselles, j’ai dû penser que ce n’était pas des filles dont j’étais appelée à faire l’éducation, mais que j’avais bien plutôt sous ma direction un véritable régiment de pincettes.

J’ai donc été forcée de te rester fidèle, et