vant majestueusement dans l’air, semblait envelopper et protéger de ses replis tous les déshérités de l’humanité.
« Malgré mon assurance, malgré la grandeur de cette cérémonie, ces malheureux ne se rendaient pas compte qu’ils étaient désormais réellement libres et maîtres d’eux-mêmes. Ils ne pouvaient comprendre l’idée si grande, résumée par ces trois mots : liberté, égalité, fraternité ! qui résonnaient pour la première fois sur cette terre d’esclavage. Mais la semence était jetée ; il appartenait à l’avenir de la faire germer.
« J’eus beau leur dire qu’ils pouvaient partir ou rester, que s’ils me servaient comme pagayeurs ou comme domestiques, ils auraient droit à un salaire, ils se refusaient de croire à leur liberté !
« Je les employai à divers travaux, sans autrement m’occuper d’eux.
« Un jour, sans doute après s’être concertés bien longtemps, ils vinrent me demander la permission d’aller au loin, dans la forêt, pour y faire provision du fruit n’chego, dont ils étaient très friands. Ils s’attendaient à un refus et grande fut leur surprise lorsque, non seulement je leur accordai la permission sollicitée, mais leur donnai, en outre, des fusils et de la