Page:Un été à la campagne, 1868.djvu/173

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
164
UN ÉTÉ À LA CAMPAGNE


quemment, que Lucien ne put conserver l’ombre d’un doute sur la récompense que je lui ménageais, la soirée finie. Après m’avoir baisé la main, il se releva radieux, le front illuminé : il venait d’entrevoir la terre promise.

Le souper fut extrêmement gai ; il dura jusqu’à minuit. Alors on songea à se séparer ; on fit atteler, et un quart d’heure après, le roulement de la dernière voiture s’éteignait dans le lointain.

Chose étrange ! à présent que je touchais à l’heure de tenir une promesse librement faite, au moment de me donner à l’homme que j’adorais, j’hésitais, — non, je n’hésitais pas ! — cependant j’aurais voulu, je ne sais pourquoi, retarder l’instant décisif ; j’aurais voulu pouvoir arrêter la pendule, dont l’aiguille me semblait marcher avec une effrayante rapidité.

Ma tante s’étant levée, et ayant ainsi donné le signal de la retraite, je me levai et m’ap-