Page:Une Vie bien remplie (A. Corsin,1913).djvu/121

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
117
UNE VIE BIEN REMPLIE

familles qui passent leur vie dans la plus noire misère, cela malgré un travail incessant, misère dont on ne se fait pas même une idée à la campagne.

Ainsi, on relève, d’après une statistique de 1909 :

     196 familles de 7 personnes qui n’ont qu’une chambre.
  1.182                6                               
  3.471                5                               
10.460                4                               
28.526                3                               

Sur 60.000 naissances, qu’il y a chaque année à Paris, 35.000 accouchements sont aux soins de l’Assistance publique, soit environ 60 pour 100 classés comme indigents.

Ces choses divulguées feraient réfléchir ceux qui n’ont que leur bras à aller offrir à Paris.

Ce n’est pas tout encore, les petites localités en se dépeuplant, mettent le petit commerce dans la misère.

Il est donc facile de constater que la vie active meurt avec le commerce. De plus, il y a une autre cause, c’est la concurrence des grands magasins ou des fabriques qui vendent directement même à crédit jusque dans les hameaux.

Le cordonnier et le tailleur du village n’ont plus de travail ; ils ne faisaient que le travail rustique pour les hommes qui peinent. Eh bien, aujourd’hui, ils reçoivent directement des articles mieux faits, aussi solides, si ce n’est plus ; un grand choix et meilleur marché.

Au début, les gens de la campagne étaient méfiants ; ils disaient que ce n’était pas solide, mais maintenant qu’ils en ont assayé, ils se fournissent tous à ces fabriques ; ce qui fait que les marchands de drap, bonneterie, vaiselle, ainsi que les quincaillers, ne peuvent tenir contre les grands bazars.

Il y a encore des gens pour demander que le gouvernement protège le petit commerce : comment ferait-il ? quand on mettrait la patente des grands magasins 20 pour cent plus élevée, cela n’avantagerait guère le petit commerçant ; que peut-il espérer avec sa petite boutique, où il n’y a que quelques articles plus ou moins frais, qu’il a payé chers parce qu’il en a acheté peu, contre ces grands magasins resplendissants de lumière, de clarté, où l’acheteur peut