Page:Une Vie bien remplie (A. Corsin,1913).djvu/133

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
129
UNE VIE BIEN REMPLIE

écus par Brigalot, moyennant cela, il pourrait faire les recherches seul et lui donner la somme qu’il voudrait quand le trésor serait découvert.

La nuit où il se mit à fouiller au pied d’un énorme fouteau[1] centenaire, il fut assommé par le garnement de sabotier, qui s’était caché derrière un massif, et que le pauvre naïf n’avait pu voir, tant il était actionné à piocher la terre. Il va sans dire qu’il ne trouva pas de trésor, mais il rentra chez lui en se traînant et fut longtemps entre la vie et la mort ; de plus, il avait failli perdre la raison, car, si brave qu’il fut, il avait eu le sang retourné en voyant que celui qui le frappait avait deux cornes ; on a su plus tard que le misérable s’était affublé de la peau d’un bouc pour ne pas être reconnu et aussi faire croire que c’était le diable ; enfin, grâce aux soins dévoués de sa femme, la victime de cet attentat était sur pied deux mois après.

L’auteur de ce guet-apens ne cessait pas de rendre visite à sa victime et de lui prodiguer des marques d’amitié ; il faut dire tout de suite que le mobile qui l’avait fait commettre ce lâche attentat, c’est qu’il convoitait la femme de Brigalot ; il espérait que, celui-ci mort, il pourrait épouser sa veuve.

  1. Hêtre.