ment, au sujet des salaires, des tiraillements avec le patronat ; je pris l’initiative de convoquer une réunion de ces différentes branches ; aidé de quelques camarades, un appel fut fait et, moyennant un franc chacun, nous le fimes tirer à mille exemplaires ; pour mieux corser cet appel, j’y ajoutai ces paroles de Lamenais :
« Des actes, des actes, et encore des actes, ou vous croupirez éternellement dans votre misère.
« Veuillez donc seulement et le monde changera de face.
« Que si, au contraire, chacun de vous reste inactif, silencieux, se tient à l’écart, regardant de là comment vont les choses et se plaigne qu’elles vont mal ; renoncez à l’espoir que jamais elles n’aillent mieux, et sous le poids de maux que vous léguerez à vos enfants, n’accusez que vous-même, votre indolence et votre insouciance, votre égoïsme et votre lâcheté. »
Le résultat dépassa les espérances ; il y eut huit cents assistants à la réunion, dont la moitié, en payant leur cotisation, se firent inscrire pour fonder une chambre syndicale ; malheureusement, cette belle ardeur du début ne dura pas ; après une année écoulée, il ne restait pas cent cotisants ; la majeure partie des ouvriers, trop individualistes, n’étaient pas mûrs pour former des syndicats de métier ; cependant les améliorations obtenues, sans grève, dans l’année, furent les suivantes : journées réduites d’une heure (11 au lieu de 12), salaires augmentés de 0 fr. 05 à 0 fr. 10 l’heure.
Pour la première fois, en cette année 1869, j’assistai à une réunion socialiste, tenue place de la Corderie ; il y fut question des rapports du capital avec le travail, de l’utilité qu’il y avait de fonder une société internationale des travailleurs pour la défense de leurs intérêts communs ; de resserrer les liens de fraternité et de solidarité afin d’assurer la paix entre les peuples.
Je fus gagné à ces idées généreuses, sans cependant faire partie des groupements de ces promoteurs, ne connaissant personne et peu initié à ces questions.