Page:Une galerie antique de soixante-quatre tableaux (Philostrate de Lemnos, trad. A. Bougot).pdf/182

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autour du pôle doré. Dans la région supérieure, la Lune, qui divise les mois, brillait dans son plein, ainsi que les Hyades, signe infaillible pour les nautonniers et l’Aurore messagère du jour, chassant les astres devant elles. Sur les murs, Ion étendit d’autres tapisseries représentant et des vaisseaux barbares aux prises avec les Grecs et des monstres moitié hommes, moitié bêtes, et des chasseurs à cheval, poursuivant des cerfs et des lions farouches. À la porte de la tente, on voyait Cécrops, se repliant en spirale, et ses filles près de lui ; c’était une offrande faite au dieu par un Athénien[1].» Les œuvres d’art se multipliant en Grèce attirèrent de plus en plus l’attention des écrivains. Dès lors on décrivit volontiers des statues et des peintures, quand l’occasion s’en offrit d’elle-même ; et quand elle ne s’offrit pas, on sut la faire naître. L’ecphrasis, plus ou moins développée selon le goût ou la fantaisie de l’écrivain, suivant les temps aussi (car l’ecphrasis, comme toutes choses, obéit à la loi qui les pousse insensiblement vers leurs dernières conséquences), se glissa dans tous les genres ; elle avait eu la poésie pour berceau ; elle conserva sa place dans les poèmes. Nous avons déjà cité Hésiode et Euripide. Apollonius de Rhodes nous montre Jason agrafant sur son épaule un manteau de pourpre, ouvrage et don de Pallas, qui l’avait orné des scènes les plus variées : l’atelier des Cyclopes, Amphion et Zethos élevant les murs de Thèbes ; Cythérée s’armant du bouclier d’Arès ; un combat de pâtres et de brigands ; la lutte à la course d’Ænomaos et de Pélops ; Apollon perçant Tityos de ses flèches, Phryxus en conversation avec le bélier deux fois merveilleux par sa toison et le don de la parole[2]. Nonnos dans les Dionysiaques décrit les peintures qui ornaient le carquois d’Eros[3]. Moschos donne à Europe une corbeille resplendissante de nombreuses images. On y voyait ici la fille d’Inachos, Ino,

  1. Ion, v. 1133 et suiv. Cf. v. 192 et suiv.
  2. Argon., I, 730 et suiv.
  3. VII, 115.