Page:Une galerie antique de soixante-quatre tableaux (Philostrate de Lemnos, trad. A. Bougot).pdf/238

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phrodite el un autre groupe d’Amours. Ce sont là, d’ailleurs, de pures con- jectures auxquelles chacun est libre d’en substituer d’autres.

La question d’art écartée, la description de Philostrate intéresse par quelques endroits la mythologie et l’archéologie. D’après l’auteur, les Amours sont fils des Nymphes, et non d’Aphrodite, mère d’un seul Amour, celui qui a dans le ciel des fonctions divines. C’est aussi l’opinion de Clau- dien décrivant le séjour de Vénus dans l’île de Chypre :

Mille pharetrati ludunt in margine fratres

Ore pares, similes habitu, gens moilis Amorum. Hos Nymphæ pariunt, illum Venus aurea solum E ille Deos cœlumque et sidera corau Temperat, et summos dignatur figere reges ;

Hi plebem feriunt {1).


Pour les besoins de la circonstance, Claudien, qui chante le mariage d’Ho- norius et de Marie, étend un peu plus que Philostrate les fonctions de l’Amour céleste. Platon, distinguant l’un de l’autre l’Amour noble et l’Amour vulgaire, distinguait aussi deux déesses Aphrodites, l’une l’Aphrodite Uranie, mère du premier, l’autrel’Aphrodite populaire, mère du second (2). Quand les désirs de l’homme, sous l’influence de l’art et de la poésie, furent personnifiés par de jeunes enfants ailés, les poètes et les artistes leur donnèrent les Nymphes pour mères (3) ; le choix était heureux puisque les désirs ont une étroite parenté avec l’Amour, ét que les Nymphes composent le cortège d’Aphrodite, mère d’Eros. l Les deux Amours qui se lancent une pomme personnifient, comme on l’a vu, un Amour naissant. La pomme était en effet chez les anciens le premier cadeau fait à l’objet aimé ; elle servait, pour ainsi dire, aux déclarations. « Ne

-+ cours pas applaudir des danseuses, dit le Juste à Phidippide, dans les Muées ; si tu te passionnes pour de tels spectacles, une courlisane te jettera la pomme et c’en sera fait de ta réputation » (4). On peut lire dans le Zoxaris de Lucien comment Chariclée, une courtisane, s’y prend pour inspirer une passion violente au riche Dinias : « D’abord les billets commencent à lui arriver de la part de Chariclée ; puis viennent les couronnes à demi flétries, les pommes mordues et toutes les séductions que les prostituées dressent con- Lre les jeunes gens » (5).

Le lièvre à cause de sa fécondité, dont les anciens cherchaient la cause en dehors des lois de la nature, fut consacré à Aphrodite. Partant, il se trouve souvent joint aux Erotés. Telle peinture de vase nous représente trois Amours dont l’un tient un lièvre par les oreilles (6). Dans une peinture


(1) De Nuptüis Honorii et Mariæ, v. 94 ot suiv.

(2) Platon, Le Banquet, p. 185 B.

(6) Jacobs cite encore Himérius, Eel. X, 6, p. 180.

(4) Aristoph., les Nuées, v. 995.

(5) Lucien, Toæarës, 13 (Traduct. Talbot, U, 30). Voir aussi Le dialog. XII des Courtisanes. Cf. Stephani, Compte rendu, 1860, p. 86.

(6) Peint, d’un vase du musée du prince Canino. Voir Lenormand, Zrésor de Num. et de

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