Page:Une galerie antique de soixante-quatre tableaux (Philostrate de Lemnos, trad. A. Bougot).pdf/259

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Quel dieu ? Hermès, celui-là mème qui, selon l’hymne homérique, avait construit la première lyre avec une écaille de tortue el des tiges de ro- seaux (1). Quel autre mieux que l’inventeur pouvait avec l’invention elle- même, donner le moyen de s’en servir excellemment ? Mais pourquoi cette faveur ? c’est qu’Amphion avait élevé le premier autel, consacré à Hermès. Tous les deux, l’homme et le dieu, avaient imaginé quelque chose de nou- veau ; ils étaient dignes de s’entendre, D’autres, au contraire, soutinrent que la lyre avait 616 donnée à Amphion par les Muses et Apollon lui-mème (2) ; eten effet, dans l’hymne d’Homère, Hermès, en gage de réconciliation, fait présent de la lyre à Apollon, et reçoit de ce dieu, en échange, la baguette d’or de la richesse et de la félicité, Ces différentes versions importent peu ; mais elles nous montrent toutes quelle haute idée les anciens se faisaient du génie poétique et musical d’Amphion.

Quelques monuments figurés de l’antiquité nous montrent Amphion se disputant avec son frère Zéthos (3), c’est-à-dire le poèle avec le chasseur, l’homme des exercices violents ou même du travail manuel, ou bien Amphion punissant, de concert avec Zéthos, Dircé l’implacable ennemie de leur mère Antiope (4) ; aucun ne nous le représente jouant de la lyre et communiquant aux pièrres l’intelligence et la vie (5). Pour expliquer le tableau décrit par Philostrate, nous sommes donc presque réduit aux paroles mèmes du rhé- teur grec.

Amphion assis sur un tertre et battant la mesure du pied, avait le côté droit tourné vers le spectateur ; en effet le chevalet de l’instrument était visi- ble, et c’est du côté du chevalet que la main droite armée du plectre, frappait les cordes de la lyre. Le fait est attesté par toutes les peintures de vases qui représentent un citharède (6). Les mêmes peintures laissent souvent aperce- voir la main gauche les doigts étendus, un peu courbés à l’extrémité, derrière et entre les cordes de la lyre ; telle était aussi, vraisemblablement, la position de la main gauche d’Amphion dans notre tableau.

Comment était faite la lyre ? Philostrate nous la décrit, en termes assez obscurs, il est vrai, et susceptibles d’interprétations diverses. Cependant, à ne considérer que l’ensemble, nous pouvons nous la figurer telle qu’elle se


(1) Homère, Hypnne à Mere., N, 41 à 51. €) Schol. Apoll., Rh. 1, (3) Peinture de Pompét, reproduite dans Museo Borb., XI, 23 ; Monum. dell Inst, I, 59, 3,

et bas-relief du palais Spada, reproduit dans Braun, zwülf bas-relief. taf. 3 ; Welcker, alle

Denkm., I, p. 318.

(4) Groupe célèbre du musée Farnèse, reproduit dans le Dief. des antiq., p. 240, f. 268. M. de Ronchaud, dans le même dictionnaire indique encore deux peintures de Pompéi, une autre d’Herculanum, une troisième de la villa Panñli.

(5) Le manteau de Jason, décrit par Apollonius (4 » gon., 1, 735) montrait un Amphion jouant de la lyre et suivi par une grosse pierre,

(6) Voie surtout Gerhard auserl. Vasenb., V. pl. XII, XIV, XVI, XD, XXI, XXII, XXIV, XXV, XXVIT, XVII.



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