Page:Une galerie antique de soixante-quatre tableaux (Philostrate de Lemnos, trad. A. Bougot).pdf/265

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radiées. Si Phaéthon représente la clarté du soleil, pourquoi l’auteur ne dit-il pas que Phaéthon par sa chute mème plonge le soleil dans l’obscurité : si les chevaux, pourquoi ne parler que du globe du soleil ? Wieseler, qui fait cette remarque, pense que c’est le char lui-même qui est ainsi désigné par notre auteur (4) ; en effet, dit-il, sur une pierre gravée (2), on voit le char du so- seil entouré de rayons comme le soleil lui-mème. Mais à celle conjecture ne peut-on pas opposer la même objection qu’à l’hypothèse de Welcker ; ce char entouré de rayons ne peut s’appeler un cercle ni un globe ; si on suppose que le cercle lumineux s’est détaché du char et que le char tombe seul, cette disparité de fortune entre deux attributs du même astre, paraît étrange. Il ne reste, nous semble-t-il, qu’une supposition à faire, la plus simple de toutes : c’est que le soleil était représenté réellement dans le tableau. Des monuments de l’antiquité nous montrent des fleuves, des montagnes, des étoiles même, à côté des êtres qui les personnifient : pourquoi le soleil n’aurait-il pas figuré à côté du char que les anciens donnaient au soleil. D’ail- leurs, dans la fable, la catastrophe de Phaéthon n’entraîne pas la chute du soleil lui-mème ; Philostrate dit bien que le soleil se précipite sur la terre, mais c’est comme un astre qui se coucherait avec une vitesse inaccoutumée, et non comme un corps qui tomberait du haut de la voûte céleste sur nos tètes ; avec son cocher, le soleil a comme perdu la règle de ses mouvements ; il est emporté par une force irrésistible, mais il ne dévie pas pour cela de sa route et n’est point pour cela expulsé de ses hauteurs.

Nous nous demanderons maintenant avec Welcker pourquoi les Heures désertent les portes confiées à leur garde, pourquoi d’elles-mêmes elles courent au-devant des ténèbres qui envahissent le ciel. Présidant aux saisons, ilsemble qu’elles n’auraient de motif pour quitter leur poste que si le cours de saisons était bouleversé. Wieseler (3) répond avec raison que le peintre n’a pas voulu nous montrer les déesses des saisons, mais bien les Heures du jour, ces compagnes « aux pieds agiles », du soleil, suivant l’expression d’un poète grec. Les ombres se répandant sur la voûte céleste, elles paraissent, elles, les déesses de lumière, se précipiter dans l’obscurité : c’estla Nuit qui dévore le jour. Mais quelles sont ces portes, ainsi abandonnées par les Heures ? Ce ne sont point, dit Wieseler, les portes de l’Olympe ou du ciel, près desquelles doivent veiller les Heures des saisons ; ce ne sont point non plus les portes du jour que Phaéthon a déjà laissées loin derrière lui, puisqu’il est à la moitié de sa route ; Wieseler embarrassé prétend que ces portes dési gnent un zodiaque et prétend reconnaître sur un bas-relief romain un zodia- que dans une porte ornée de quelques signes zodiacaux (4). Cette explication





(1) Phaeth., p. 26, note 1.

(2) Lippert, Daclyl., I, 1, n° 234. (3) Phaeth., p. 2.

() Braun, Ant. Marmowerke, 1, 8.


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