Page:Une galerie antique de soixante-quatre tableaux (Philostrate de Lemnos, trad. A. Bougot).pdf/294

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cadien, tu entends crier, j’imagine, une foule qui représente l’Arcadie et tout le Péloponèse. Le char, versé par l’artifice de Myrtilos, a volé en éclats ; il était traîné par quatre chevaux. On n’avait pas encore osé se servir pour la guerre de ce genre d’attelage ; mais il était connu, il était en honneur dans les jeux publics. Les Lydiens qui ont la passion des chevaux attelaient déjà quatre chevaux à leurs chars, du temps de Pélops ; plus tard ils firent usage de quatre timons et conduisirent dit-on, huit chevaux ensemble. Considère la peinture : les coursiers d’Œnomaos sont fiers et fougueux, ils écument de rage (ce qui est surtout propre aux chevaux d’Arcadie), ils sont noirs comme il convient pour une besogne étrange et sinistre ; ceux de Pélops au contraire sont éclatants de blancheur ; sensibles aux rênes, amis des paroles persuasives, ils ont un hennissement plein de douceur, qui est comme leur chant de victoire. Œnomaos, étendu à terre, est représenté comme Diomède le Thrace avec un air farouche et cruel. Quant à Pélops, en le voyant, tu ne l’étonneras pas que Poseidon se soit épris d’amour pour sa beauté le jour où sur le Sipyle il servit d’échanson aux dieux, et que dans son admiration il ait donné au héros, tout jeune encore, un char à conduire. C’est un char qui court sur les flots aussi bien que sur la terre, sans rejaillissement d’une seule goutte d’eau sur l’essieu ; la mer s’étend comme un sol ferme sous les pieds des chevaux. Pélops et Hippodamie remportent la victoire dans cette course, on les voit debout tous les deux sur le char, étroitement serrés ; peu s’en faut que l’ardeur mutuelle qui les dompte ne les jette dans les bras l’un de l’autre. Pélops est vêtu élégamment à la mode lydienne, il a l’âge et la beauté que tu admirais en lui à l’instant, quand il demandait des chevaux à Poseidon. Hippodamie porte le costume d’une fiancée, elle vient d’écarter le voile qui couvrait son visage, la victoire lui donnant un mari. L’Alphée bondit du fond de ses eaux tourbillonnantes pour offrir une couronne d’olivier à Pélops qui pousse ses chevaux du côté du rivage. Ces tombeaux, au milieu de l’hippodrome, renferment les prétendants au nombre de treize tués par Œnomaos qui différait ainsi le mariage de sa fille. La terre produit maintenant des fleurs autour de ces tombeaux comme pour faire participer les prétendants, en les gratifiant d’une sorte de couronne, à la victoire qui les venge d’Œnomaos.



Commentaire.


Un roi de Pise, Œnomaos, avait appris d’un oracle qu’il devait périr de la main de son gendre. Ayant obtenu de son père Arès des chevaux rapides