Page:Une galerie antique de soixante-quatre tableaux (Philostrate de Lemnos, trad. A. Bougot).pdf/353

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des chasseurs, trappes, filets, épieux, javelots, lances armées de leurs dents latérales. Voici les valets de limier, les piqueurs ; voici les chiens de différentes espèces, non seulement ceux qui ont l’odorat exquis ou les pieds agiles, mais encore les chiens courageux ; car il faut de la vaillance contre le sanglier. Chiens de Locres, de Laconie, Indous et Crétois sont là devant nos yeux, les uns qui dressent fièrement la tête et aboient ; les autres comme se recueillant ; ceux-là qui quêtent et grincent des dents en suivant la piste. Quand les chasseurs seront plus loin, ils chanteront un hymne en l’honneur d’Artémis chasseresse ; car elle a en cet endroit un temple, une statue polie par le temps et pour offrandes des têtes de sangliers et d’ours. Là aussi paissent en toute liberté, dédiés à la déesse, des faons, des loups, des lièvres, tous animaux apprivoisés et qui ne redoutent point l’approche de l’homme. Après la prière, la chasse commence. Le sanglier qui ne peut se tenir caché bondit hors de sa bauge, se précipite sur les cavaliers, et par son élan même jette le désordre parmi eux. Accablé sous le nombre des traits, il n’est point cependant blessé mortellement, car il oppose aux coups une véritable armure, et, d’un autre côté, ses ennemis ne l’attaquent point avec assez de hardiesse. Atteint d’une légère blessure qui ralentit sa course, il fuit à travers les halliers, il entre dans un marais profond et du marais dans un lac voisin. Tous les chasseurs le poursuivent avec des cris jusqu’au marais, mais le jeune homme se précipite avec la bête dans le lac, suivi des quatre chiens que tu vois. Le sanglier se retourne furieux contre le cheval ; il le blesserait si le jeune homme penché sur sa monture et manœuvrant à droite ne lançait à la bête de toute la force de sa main un trait qui l’atteint, à l’endroit même où le cou se confond avec l’épaule. Les chiens ramènent le sanglier vers la terre, tandis que nos amoureux crient du rivage, comme à l’envi les uns des autres, chacun cherchant à dominer la voix de son voisin. L’un d’eux est tombé pour avoir effrayé son cheval au lieu de le contenir ; un autre tresse pour le vainqueur une couronne avec les fleurs qu’il cueille dans cette prairie marécageuse ; le jeune homme est encore dans le lac, conservant l’attitude qu’il a prise pour lancer le javelot ; ses compagnons, saisis d’étonnement, le contemplent comme s’il était peint.



Commentaire.


Après avoir lu cette description de Philostrate, on se demande s’il s’agit d’un seul tableau ou de plusieurs ; on peut en effet en compter jusqu’à trois,