Page:Une galerie antique de soixante-quatre tableaux (Philostrate de Lemnos, trad. A. Bougot).pdf/363

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Le costume oriental de Pélops ne saurait nous surprendre. Pélops est le fils de Tantale, un roi asiatique dont la légende se rattache étroitement au culte du Jupiter du mont Sipyle. La ville de Sipylos, bâtie sur cette monta- gne était aussi appelée Tantalis. Le Zeus protecteur des Tantalides avait son autel sur le mont Ida. Quand des villes voisines du Sipyle eurent été renver- sées par un tremblement de terre, on donna le nom de mer de Tantale à un lac qui prit la place des cités disparues. Niobé, la fille de Tantale, après avoir perdu ses fils et ses filles, fut changée en un rocher escarpé qui faisait partie du Sipyle. Au temps de Pausanias on conservait encore dans cette : contrée le souvenir de Pélops (1). La légende d’Œnomaos et d’Hippodamie aurait eu, suivant les mythologues, une origine asialique (2). Aussi les auteurs anciens disent tantôt le Lydien, tantôt le Phrygien Pélops. Sur les monuments figurés Pélops est presque toujours représenté nu ; mais il porte le bonnet qui dis- tingue les Phrygiens et en général les princes de l’Asie. Dans notre tableau, il portait sans doute le même costume que Paris, lorsque le fils de Priam est entièrement vêtu, c’est-à-dire la mitre aux bandelettes flottantes, la tunique serrée à la taille, le manteau ou chlamyde, enfin les anaxyrides tantôt unies et Lanlôt brodées qui enveloppent les jambes. Des commentateurs ont de- mandé comment, sous une tunique qui s’applique étroitement au corps et monte jusqu’au cou, l’épaule gauche pouvait ètre visible. Philostrate, bien consulté, aurait mis sur la voie de la réponse, qui d’ailleurs est fort simple ; c’est, dit le sophiste, l’effet d’une négligence étudiée. La Lunique était donc à cet endroit mal ajustée ou mal agrafée ; or nous voyons sur beaucoup de monuments que les manches de la chiridota, de la tunique phrygienne, sont composées de deux morceaux, réunis entre eux au moyen de boucles ou de brides ; sans doute l’artiste n’avait noué ces brides que sur le bas de la man- che, laissant celles-ci entr’ouvertes à la hauteur de l’épaule. Enfin on peul encore supposer que la tunique de Pélops avait des manches rapportées qui laissaient à découvert une partie de l’épaule et des bras ; cette particularité de costume n’est pas sans exemple sur les monuments antiques (3).

Cette épaule, ainsi découverte, éclairait, dit Philostrate, les ténèbres nais- santes, comme l’étoile du soir éclaire la nuit. C’est à un effet qu’il n’est point difficile de concevoir ; une ombre crépusculaire enveloppait sans doute tous les personnages, d’autant plus épaisse qu’elle s’éloignait plus de l’épaule de Pélops. Il n’est pas même nécessaire de croire que l’artiste ait eu l’intention de rendre l’épaule plus lumineuse. Pélops, étant le principal personnage de la scène, devait être placé, sinon en pleine lumière, puisqu’il faisait nuit, du moins dans la partie la plus éclairée de la composition ; il se délachait donc en clair sur le fond obscur du tableau ; les broderies, les couleurs vives du


(1) Strab., 1, 58, Plin., IN, 205 ; V, 117. Paus., V, 13, 43 VIII, UT, 3. €) Preller, G. M, Il, 383. (3) Voir Raoul Rochette, Choëz de peint. de Pompéi, p. 111 et 130.

oran sant sr

RC RS DS

casa

és