Page:Une galerie antique de soixante-quatre tableaux (Philostrate de Lemnos, trad. A. Bougot).pdf/389

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met d'hésiter entre une guirlande et des fleurs encore sur pied; mais il faut | se rappeler que la description est censée faite devant le tableau, et que cette | circonstance supprimait toute hésitation de ce genre. Disons mieux : si l'art, | comme il apparaît dans la peinture de Pompei citée plus haut, avait l'habi- tude de couronner de fleurs les personnages représentant les prairies, le commentateur ne courait point le risque d'être obscur en remarquant que Î leurs fleurs semblaient languir et se faner. | Un éminent archéologue (4) incline à croire que le tableau décrit par | Philostrate était une reproduction ou une imitation d'une peinture d'Anli- | 1


pren mme

phile, maître très célèbre de l’époque alexandrine, rival et contemporain d’Apelle. Une composition aussi étendue, aussi complexe, aussi riche en motifs pittoresques, pleine de mouvement et légèrement réaliste, ne peut | appartenir qu'à un âge où l'art s'écartait de sa simplicité primitive et mérite | Î d’être attribuée à un peintre qui possédant tous les secrets de son art traitait Ë avec une égale facilité les sujets les plus divers. Brunn a raison sur un point ; la peinture sort d'une école nouvelle ; est-ce bien une raison pour croire à qu’elle soit l'œuvre d'Antiphile? Pline parlant des sujets traités par cet artiste dit qu'il avait représenté l'efroi d'Hippolyte à la vue du taureau vomi par la mer (2). Dans notre peinture Hippolyte n'est plus effrayé; terrassé et



t mourant, il se pleure lui-même, selon Philostrate, Le moment est différent;

le sentiment n'est plus le même. Il est impossible de supposer que Pline + l'Ancien ou l'écrivain qu'il suivait se soit trompé : en effet s'il désigne ainsi $ un tableau représentant la mort d'Hippolyte, c'est que ce tableau était sur-

tout remarquable par la terreur qu'exprimait le visage du héros. À ce point de vue, le tableau d’Antiphile pourrait être bien mieux comparé à une des urnes de Chiusium que nous avons déjà citées (3); le héros tombé de son char oppose son bouclier au taureau qui bondit et déjà le frappe au front de | ses cornes; on voit qu'il se sent perdu ; il se raidit encore avec courage pour

se défendre mais les traits contractés expriment l’angoisse et le désespoir. | L’effroi cependant est peint avec plus de force encore sur le visage d’un des

ê compagnons d’Hippolyte qui, un genou en terre, élève son manteau au-dessus

de sa tête comme pour s’en couvrir etse dérober à la vue d'un spectacle qui | l’épouvante. Cette gradation dans la peinture de la terreur qui est à coup 1 Li sûrun des grands mérites de ce très beau bas-relief, recommandait peut- 1 ë être aussi le tableau d’Antiphile à l'admiration des anciens. Au contraire 1 l l'Hippolyte de notre peinture ressemblerait plutôt à l'Hippolyte de la seconde 1 F urne étrusque (4); le fils de Thésée a encore toute la partie supérieure du | À corps engagée dans le char; mourant, il laisse retomber sa tête sur laquelle Ë

(1) Brunn, Gesch. der Griech Künstler, Zw. B, p. 249. 1 C) PL HN, 35, 114. Hippolytum tauro emisso expavescentem . {) Micali, ouvr. cité pl. XXXIL.

(4) Ibid, pl. XXXIIE,