Page:Une galerie antique de soixante-quatre tableaux (Philostrate de Lemnos, trad. A. Bougot).pdf/477

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Héraclès furieuc, Theiodamas, la Sépulture d’Abdère, forment avec le tableau d’Antée comme une série de scènes qui toutes concernent Héraclès ; l’artiste s’était complu évidemment à montrer le héros sous différents aspects et dans diverses atlitudes. Jusqu’à quel point et comment ces différents épisodes étaient-ils séparés les uns des autres ? c’est ce que nous saurions dire. Mais est-il étonnant que dans une suite semblable l’artiste ait représenté Héraclès avant sa lutte avec Antée comme il l’avait représenté au moment de la vic- toire ? Il semble même, pour les deux premiers tableaux, qu’il ait tenu à nous montrer le lien entre les deux épisodes. Héraclès est en Mauritanie ; Atlas est allé chercher les pommes d’or pendant qu’Héraclès soutenait le ciel (ce n’est pas la tradition adoptée par Philostrale, nous l’avons vu ; mais elle pouvait avoir été suivie par l’artiste) ; il a repris son fardeau et le héros, tenant les pommes, s’est remis en route ; c’est alors qu’il arrive dans le pays d’Antée. Ainsi cette première scène, sans parler de son intérêt propre, sert au moins à nous montrer à quel moment de la vie d’Héraclès la fable plaçait sa lutte avec le fils de la Terre.

Des commentateurs se sont étonnés de voir Antée prendre pour la lutte les amphotides qui n’étaient en usage qu’au pugilat. Brunn croit à une pré- caution d’Antée qui craignait d’être mordu à l’orcille, comme il arrivail dans la lutte, par son adversaire. Nous aimons mieux penser qu’Antée dé- fiait ordinairement ses adversaires au pugilat, mais qu’Héraclès, qui n’avait point emporté de cestes dans son expédition au jardin des Hespérides ou qui était peut-être impatient de combattre, se fia à la force de son bras pour terrasser son adversaire. Antée s’était préparé au pugilat ; il n’avait pas achevé ses préparatifs qu’il fut contraint d’engager la lutte,

Philostrate décrit avec assez de précision l’attitude des deux adversaires. On peut se demander cependant comment ils étaient placés l’un par rapport à l’autre. Héraclès était-il vu de face, et en prenant Antée à bras le corps, le tenait-il légèrement contre lui et tourné du côté du spectateur ? Celle position est une des plus favorables à l’art ; elle permet à l’œil de bien dis- tinguer les deux personnages et d’examiner un à un tous les détails, soit de mouvement, soit d’anatomie. Une pierre gravée (1) représente ainsi les deux adversaires ; si les mains d’Antée étaient prisonnières, si le coude d’Héraclès était plus près des côtes du Titan, au lieu de peser sur les cuisses, on serait tenté d’assimiler pour l’altitude celte composition à celle que décrit Philos- trate. Le regard même d’Antée, sur cette pierre gravée, est dirigée en bas : circonstance que Friederichs blämait dans le tableau de Philostrate, sous prétexte qu’Antée, serré, étoulfé dans les bras d’Héraclès, devait rejeter la tèle en arrière. Rien n’est moins exact. Brunn oppose à la critique de Frie- derichs le groupe de la galerie de Florence ; il faut remarquer en outre que


{1) Do Wide, Selectae gem nae ant, n°153 : Guign., N. G. myth., n° 165 v, Museo Chiusino, U, 118.

ame nee nappes

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