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groupé avec chacun de ces couples, un troisième amour, qui tient une palme à la main, semble faire les fonctions de pédotribe. Au milieu, un amour debout porte la main à la couronne qu’il a déjà reçue comme vainqueur, son adversaire terrassé se soulève sur un bras ; à droite et à gauche de ce groupe, deux amours, l’un portant une palme, l’autre sonnant de la trompette, se font pendant. Dans ce bas-relief toutes les attitudes violentes ont été évitées. La lutte ne se présente que sous deux formes, la lutte proprement dite et le pugilat ; et pour ces deux exercices l’artiste ne nous montre pour ainsi dire qu’une figure, celle du début, la moins savante et la moins compliquée. Volontiers nous rapprocherions, pour la composition, notre tableau du bas-relief : la Palestra tiendrait la place du groupe central ; deux ou trois couples d’amours, groupés dans des attitudes plus ou moins simples, auraient représenté à eux seuls les innombrables palaismata ou figures de la lutte.



XXXIII

Dodone.


La savante colombe aux ailes d’or se tient encore sur le chêne fatidique pour redire les oracles qui viennent de Jupiter ; voici la hache abandonnée par le bûcheron Hellos qui donna son nom aux Helles de Dodone ; des bandelettes sont suspendues à l’arbre, car comme le trépied de Pytho, il rend des oracles. L’un vient pour l’interroger, l’autre pour faire un sacrifice. Il est entouré en ce moment par un chœur de Thébains qui font hommage à leur patrie de la sagesse de l’arbre ; et en effet, c’est chez eux, je crois, que la colombe aux ailes d’or s’est laissée prendre au piège. Quant à ces devins de Zeus, dont les pieds ne connaissent pas l’usage du bain et qui dorment sur la dure, suivant Homère, ce sont gens sans prévoyance du lendemain, et n’ayant point encore de moyens certains d’existence. D’ailleurs ils ne veulent point en avoir, prétendant qu’ils font plaisir à Zeus en se contentant ainsi des premières choses venues. Ce sont en effet les prêtres de Zeus : l’un est chargé de parer les murs du temple, l’autre récite les prières ; celui-ci dispose les gâteaux sacrés ; celui-là, l’orge et les corbeilles ; celui-là égorge la victime ; cet autre est le seul à la dépouiller de sa peau. De ce côté, tu reconnais les prêtresses de Dodone à leur aspect sévère et vénérable ; on dirait qu’elles respirent l’odeur des libations et des parfums. D’ailleurs le peintre a représenté la fumée de l’encens qui enveloppe tout ce lieu et jusqu’aux voix divines dont il retentit : voici une statue en airain de la nymphe Echo qui met, comme tu le vois, la main sur sa bouche ; en effet, parmi les offrandes consacrées à Zeus dans le temple de Dodone, il y avait un bassin qui résonnait pendant la plus grande partie du jour et qui ne se taisait que si on venait à le toucher.