Page:Une galerie antique de soixante-quatre tableaux (Philostrate de Lemnos, trad. A. Bougot).pdf/518

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Commentaire.


Beaucoup de monuments antiques, peintures de vases, peintures murales et bas-reliefs représentent des libations et des sacrifices ; il en est peu qui nous offrent une cérémonie religieuse avec le mème développement de mise en scène que le tableau décrit par Philostrate, On ne peut guère, à ce point de vue, le comparer qu’à deux célèbres peintures d’Herculanum qui ont pour sujet l’une et l’autre une cérémonie isiaque (1). Dans l’une, des deux côtés d’un autel placé sur le premier plan, sont rangées et s’échelonnent sur les degrés d’un temple deux files d’adorateurs ; sur le seuil du temple paré de guirlandes, et entre deux sphinx, se tiennént debout trois personnages, un prêtre portant l’urne sacrée d’Isis, un autre prêtre agitant le sistre, une prê- tresse aux cheveux flottants, le sistre dans une main, le seau dans l’autre ; au pied de l’autel, on aperçoit d’autres ministres du culte, reconnaissables à l’épée, au rameau, au flabellum, tous instruments sacrés et mystiques. L’autre peinture représente également l’entrée d’un temple ; onze figures, adorant, priant, jouant d’instruments divers ou présentant des offrandes entourent l’autel, au-dessus duquel plane une épaisse fumée ; sur le seuil, entre deux colonnes parées de feuillage et de guirlande, au milieu d’un groupe de cinq figures, un personnage exécute une danse sacrée : sistres, crotales, trompettes, tambours, corbeilles, vases mystiques, croix ansée, ibis même, tout est réuni pour caractériser le lieu et la scène. Bien différente, sans doute, est la cérémonie de notre tableau ; elle est grecque, l’autre égyp- tienne ; elle a pour objet le culte d’un arbre, l’autre s’adresse à une divinité ; mais les peintures d’Herculanum nous prouvent du moins que les artistes anciens aimaient à représenter, dans toute leur pompe, les cérémonies re- ligieuses et ne s’effrayaient point de montrer un nombre considérable de personnages dans des actions et des attitudes diverses.

Dans notre tableau, nous distinguons sans peine trois groupes principaux, les habitants de Thèbes, les prêtres, les prètresses. Quelle était la place de ces trois groupes ? Il est assez dificile de la déterminer. Les prêtres, il semble, devaient se tenir tout près de l’arbre el de l’autel ; car il devait y avoir aussi un autel allumé et fumant. Les prètresses formaient-elles un groupe tout à fait distinct ? étaient-elles mêlées aux prêtres comme dans les peintures d’Her- culanum citées plus haut ? c’est ce que l’on ne saurait dire, Peut-être, comme dans les mêmes peintures, le chœur des Thébains, divisé en deux, formait- il deux files, deux demi-cercles autour de l’arbre, les prètres et les prêtresses occupant le milieu de la composition. Cette ordonnance nous paraît être la plus vraisemblable.

Les attitudes des différents personnages se dessinent assez bien pour l’ima- gination. Les Thébains assistent en spectateurs à la cérémonie sacrée ; si

(1) Ant, d’Ere., V, II, p, 821 et 315 ; Roux, If, pl. LXVIII et LXIX ; Helbig, Wandg., 1111 et 1112