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Page:Une institutrice de chez nous - Politesse canadienne, c1910.djvu/165

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LE JOUR DE L’AN


Le premier jour de l’année est la fête par excellence de la famille canadienne !

Debout bien avant l’aube, les enfants se sont éveillés, l’un l’autre, ont fait rapidement leur plus belle toilette : puis, discrètement, se réunissent au salon, pour y attendre, avec une douce anxiété, et dans le plus imposant silence, la venue des parents.

Ceux-ci ne se font pas longtemps attendre. Dès qu’ils apparaissent au seuil de l’appartement, c’est l’instant solennel !… la famille entière s’agenouille, la mère avec les enfants ; puis la voix émue, parlant au nom de tous, le cadet, timide encore, dit avec un accent respectueux et fervent : « Père, daignerez-vous nous bénir, s’il vous plaît ?… » Et, le père, l’âme attendrie, plus ému lui-même, qu’il ne veut le laisser voir, embrasse du regard ces êtres chers que Dieu lui a confiés ; ses yeux humides de larmes se lèvent vers le ciel, sa main droite forme lentement le signe de la rédemption au-dessus des fronts inclinés, et la voix grave, il dit, d’un