Page:Une page d'histoire (éd. Lemerre, 1886).djvu/38

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Elle est debout, en pied, dans ce portrait, — absolument de face, — et elle ne regarde pas les Amours qui l’entourent (preuve de plus qu’ils ont été ajoutés au portrait), mais le spectateur. Elle est dans la cour du château et elle semble en faire les honneurs, de sa belle main droite hospitalièrement ouverte, à la personne qui regarde le portrait. Ce qui domine en cette peinture, c’est la châtelaine, dans une noblesse d’attitude simple qui va presque jusqu’à la majesté, et c’est aussi la Normande, aux yeux purs, qui n’a ni rêverie, ni morbidesse, ni regards languissants et chargés de ce qui a dû lui charger si épouvantablement le cœur. La tête est droite, le visage d’une fraîcheur qu’elle n’a dû perdre qu’au bout de son magnifique sang normand, après le coup de hache de l’échafaud. Les cheveux sont blonds, — de ce blond familier aux filles de Normandie, qui a la couleur du blé mûr, noirci par l’âpre chaleur solaire d’août, et qui attend la faucille… Eux, ces cheveux mûrs aussi, mais pour une autre faucille, ne l’ont pas attendue long-