Page:Une page d'histoire (éd. Lemerre, 1886).djvu/39

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temps ! Elle les porte courts, carrément coupés sur le front, avec deux lourdes touffes, sans frisure, tombant des deux côtés des joues à peu près comme les Enfants d’Édouard dans le célèbre tableau. Elle est grande et svelte, malgré la hauteur de sa ceinture, — vêtue d’une robe de cérémonie blanche et rose, dont l’étoffe semble être tressée et dont les couleurs sont de l’une en l’autre, comme on dit en langue de blason. Jamais, en voyant ce portrait, on ne pourrait croire que cette belle fille rose, imposante et calme, fût une égarée de l’inceste et qu’elle s’y fût insensément abandonnée… Excepté sa main gauche, qui tombe naturellement le long de sa jupe, mais qui chiffonne un mouchoir avec la contraction d’un secret qu’on étouffe et du supplice de l’étouffer, nulle passion ici n’est visible. Rien de ce qui fait reconnaître les grandes Incestueuses de l’Histoire et de la Poésie, n’a dénoncé celle-ci à la malédiction des hommes. Elle n’a ni l’horreur délirante de Phèdre, ni la rigidité hagarde de Parisina après son crime… Son