Page:Urfé - L’Astrée, Première partie, 1631.djvu/457

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a Lindamor==

pour Galathée

Tirez de vostre mal la cognoissance de vostre bien : si vous n’eussiez point esté aymé on n’eust pas ressenty peu de chose. Vous ne pouvez sçavoir quelle est vostre offense que vous ne soyez present, mais esperez en vostre affection, et en vostre retour.

Elle ne vouloit pas que ceste lettre fust telle, mais enfin je l’emportay sur son courage et donnay à Fleurial mes tablettes, avec la clef, luy commandant de les remettre entre les mains de Lindamor seulement. Et, le tirant à part, je r’ouvris mes tablettes, et y adjoustay ces paroles sans que Galathée le sceust.

Billet de Leonide à Lindamor

Je viens de sçavoir que vous estes party. La pitié de vostre mal me contraint de vous dire l’occasion de vostre desastre. Polemas a publié que vous aimiez Galathée et vous en alliez vantant. Un grand courage comme le sien n’a peu souffrir une si grande offense sans ressentiment ; que vostre prudence vous conduise en cest affaire avec la discretion qui vous a toujours accompagné, à fin que pour vous aimer, et avoir pitié de vostre mal, je n’aye en eschange de quoy me douloir de vous, à qui je promets toute ayde et faveur

J’envoyay ce billet comme je vous ay dit, au déceu de Galathée et certes je m’en repentis bien, peu apres, comme je vous diray.

Il y avoit plus d’un mois que Fleurial estoit party, quand voicy venir un chevlier armé de toutes pieces et un herault d’armes incogneu avec luy, et pour oster mieux encor à chacun la cognoissance de soy, il venoit la visiere baisée. A son port