Page:Urfé - L’Astrée, Première partie, 1631.djvu/497

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de moy, que cela mesme que vous pouvez de mes compagnes en general.

Le chevalier luy voulut baiser la main pour ceste asseurance, mais parce que Galathée la regardoit : Chevalier, luy dit-elle, soyez discret, chacun a l’oeil sur nous, si vous me traittez de ceste sorte vous me perdrez. Et à ce mot elle se leva et vint entre nous qui allions cueillant des fleurs.

Voilà la premiere ouverture qu’ils se firent de leurs volontez, qui donna occasion à Galathée de s’en mesler. Car s’estant apperceue de ce qui s’estoit passé au jardin, et ayant dés long-temps fait dessein d’acquerir Polemas, voulut le sçavoir ce qui s’estoit passé entre Leonide et luy, parce qu’elle s’est tousjours rendue fort familiere à vostre niece, et qu’elle a monstré de la particulariser en ses secrets, la nymphe n’osa luy nier entierement la verité de ceste recherche. Il est vray qu’elle luy teut ce qui estoit de sa volonté propre, et sur ce discours, Galathée voulut sçavoir les paroles particulieres qu’ils estoient dictes, en quoy vostre niece en partie satisfit, et en partie dissimula. Si est-ce qu’elle en dit assez pour accroistre de telle sorte le dessein de Galathée que depuis ce jour elle resoulut d’en estre aimée, et entreprit ceste œuvre avez de tels artifices, qu’il estoit impossible qu’il advinst autrement. D’abord elle deffendit à Leonide de continuer plus outre ceste affection, et puis luy dit qu’elle en coupast toutes les racines, parce qu’elle sçavoit bien que Polemas avoit autre dessein, et que cela ne luy serviroit qu’à se faire mocquer. Outre que si Amasis venoit à le sçavoir, elle en seroit offensée.

Leonide qui alors n’avoit pas plus de malice qu’un enfant, receut les paroles de la nymphe comme de sa maistresse, sans penetrer au dessein qui les luy faisoit dire et ainsi demeura quelques jours si retirée de Polemas qu’il ne sçavoit à quoi il en estoit. Au commencement