Page:Urfé - L’Astrée, Première partie, 1631.djvu/630

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luy le jour
A ces campagnes qu’il honore,
Et qu’il va remplisant d’amour.

Sur les bords de ceste riviere,
Il se fait voir diversement:
Quelquefois tout d’embrasement,
D’autrefois cachant sa lumiere.
Il semble devenue jaloux,
Qu’il se vueille ravir de nous,
Ainsi que sont sous la nue sombre,
Le soleil chache sa beauté,
Sans que toutesfois si peu d’ombre
Puisse bien couvrir sa clarté.

Mais que veut dire qu’il ne brusle,
Comme on voit que l’autre soleil
Seiche les herbes de son oeil,
Durant l’ardente canicule ?
Pourquoy, dis-je ne seiche aussi
Mon soleil les herbes d’icy ?
J’entens, amour, c’est que ma dame
N’eslance ses rayons vainqueurs
Dessus ces corps qui n’ont point d’ame.
Et ne veut brusler que des cœurs.

Fontaine, qui des Sycomores
Le beau nom t’en vas empruntant,
Tu m’as veu jadis si contant,
Et pourquoy ne le suis-je encores ?
Quelle erreur puis-je avoir commis
Qui rend les dieux des ennemis ?
Sont-ils sujets comme nous sommes
D’estre quelquefois envieux ?
Ou le change propre des hommes
Peut-il atteindre jusqu’aux dieux ?

Jadis sur tes bords. Ma bergere
Disoit, sa