Page:Urfé - L’Astrée, Première partie, 1631.djvu/87

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quelques années estant escoulées, Gondioch roy de ceste nation venant à mourir, Gondebaut son fils succeda à la couronne de Bourgogne, et desirant d’asseurer ses affaires dés le commencement, fit la paix avec ses voisins, mariant son fils Sigisond avec une des filles de Theodoric roy des Ostrogotz, et pour complaire à Alaric, qui estoit infiniment offensé contre Alcippe, luy promit de ne le tenir plus aupres de luy. De sorte qu’avec son congé, il se retira avec una utre peuple, qui du coté de renes s’estoit saisi d’une partie de la Gaule, en dépit des gaulois et des Romains.

Mais, madame, ce discours voouos serit ennuyeux si particulierement je vous racontis tous ses voages ; car de ceux cy il fut contrait de s’en aller à Londres vers le grand Roy Artus, qui en ce mesme temps, comme depuis je lui ay ouy raconter plusieurs fois, institua l’ordre des Chevaliers de la Table ronde. De là il fut contraint de se retirer au royaume qui porte le nom du port des Gaulois. Et en fin estant recherché par Alaric, il se resolut de passer la mer et aller à Bisance, où l’Empereur luy donna la charge de ses galeres. Mais d’autant que le desir de revenir en la patrie est plus fort que tous les autres, mon pere, quoy que tres-grand avec ces grands empereurs, n’avoit toutesfois rien plus à coeur, que de revoir fumer ses fouyers, où si souvent il avoit esté emmaillotté, et sembla que la fortune luy en presenta le moyen, lors que moins il l’attendoit. Mais j’ay ouy dire quelquefois à nos druydes, que la fortune se plaist de tourner le plus souvent sa roue de costé où l’on attend moins son tour. Alaric vint à mourir, et Thierry son fils luy succeda, qui pour avoir plusieurs freres, eut bien assez affaire à maintenir ses estats, sans penser aux inimitiez de son pere. Et ainsi se voulant rendre aymable à chacun (car la