Page:Urfé - L’Astrée, Première partie, 1631.djvu/92

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les parens d’Amarillis, qui se resolurent de la donner à Alcippe, il fust arrivé beaucoup ce malheurs entr’eux. Mais encor que par ce mariage on coupa les racines des querelles, celles toutesfois de la haine demeurereut si vives, que depuis elles creurent si hautes, qu’il n’y a jamais eu familiarité entre Alcé, et Alcippe.

Et c’est cela (dict Celadon, s’adressant à Silvie), belle nymphe, que vous ouystes dire estant en nostre hameau ; car je suis fils d’Alcippe et d’Amarillis, et Astrée est fille d’Alcé et d’Hippolyte. Vous trouverez peut estre estrange, que n’estant sorti de nos bois ny de nos pasturaes, je sçache tant de particularitez des contrées voisines. Mais, madame, tout ce que j’en ay appris, n’a esté que de mon pere, qui me racontant sa vie, a esté contraint de me dire ensemble les choses que vous avez ouyes.

Ainsi finit Celadon son discours, et certes non point sans peine, car le parler luy en donnoit beaucoup, pour avoir encores l’estomach mal disposé, et cela fut cause qu’il raconta ceste histoire le lus briefvement qu’il peut. Galathée toutesfois en demeura plus satisfaite, qu’il ne se peut croire, pour avoir sceu de quels ayeuls estoit descendu ce berger qu’elle aimoit tant.


LE TROISIESME LIVRE
DE LA PREMIERE
Partie d'Astrée


Tant que le jour dura, ces belles nymphes tindrent si bonne compagnie à Celadon, que s’il n’eust eu le cuisant deplaisir du changement d’Astree, il n’eust point occasion de s’ennuyer, car