Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/101

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

m’en irai donc où la necessité m’appelle, bien marrie vous rompre si tost compagnie, avec promesse de me treuver icy demain à cette mesme heure. Et à ce mot, elle prit congé de toute cette trouppe, et s’en alla le plus vistement qu’elle pust, pour monstrer qu’elle estoit pressée.

D’autre costé, Phillis ne l’ayant pas trouvée en sa cabane, l’alla chercher où elle avoit accoustumé le plus souvent de conduire ses brebis, mais de fortune, ce jour-là elle avoit pris un lieu plus retiré, expres pour ne voir ny estre veue de personne, de sorte que Phillis, apres l’avoir cherchée en divers lieux, parvint en fin en la grande prairie, où elle apperceut à l’un des bouts quelques bergeres, parmy lesquelles elle pensa au commencement que Diane fust. Mais lors qu’elle s’en approcha davantage, elle cognut bien qu’elle se trompoit, et que c’estoient les trois estrangeres qui estoient venues des rives de l’Arar, je veux dire Florice, Circene et Palinice; et parce qu’elle les vid parler avec beaucoup d’affection, et qu’elle n’avoient encores voulu dire à personne le sujet de leur voyage en cette contrée, elle pensa que peut-estre elle en apprendroit quelque chose, si sans estre veue, elle pouvoit ouyr ce qu’elles disoient estans ainsi retirées de toute autre compagnie.

Cette curiosité fut cause que cette bergere se couvrant des arbres et des buissons voisins, se coula doucement si pres d’elles, qu’elle ouyt que Florice disoit: Il est vray que je commence