Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/102

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d’entrer [56/57] en doute, que cet oracle qui nous a fait venir en cette contrée de Forests ne nous abuse, ou que ceux qui nous l’ont interpreté ne se soient abusez eux-mesmes; car il y a si long-temps que nous sommes icy, qu’il semble que les dieux ayent oublié ce qu’ils nous ont dit, ou qu’ils se moquent de voir que nous les avons si mal entendus. – Quant à moy, respondit Circene, comme la plus jeune, je me suis laissée conduire à vous deux, et sans y rechercher plus de subtilité, j’ay entendu l’Oracle comme vous me l’avez dit, et si j’ay failly, c’est Palinice qui en est cause, en la foy de laquelle je me suis entierement remise. – Je sçay bien, respondit Palince, que je ne vous ay deceue ny l’une ny l’autre, car veritablement l’oracle que nous eusmes au temple de Venus fut tel que vous l’ouystes, et pour l’explication, je n’y ay pas menty d’un seul mot, en tout ce que le vieil druide me dit. – S’il est ainsi, reprit Circene, il me semble que nous ne devons rien precipiter, et qu’encores que le temps soit long, il n’est point toutesfois plus ennuyeux ici que sur les rives de l’Arar, puis que la douce conversation de ces discrettes bergeres de Lignon, est bien aussi agreable que celles que nous soulions avoir ailleurs. – J’avoue, adjousta Florice, que la compagnie d’Astrée, de Diane et de Phillis, est douce et bien agreable, et qu’il y a icy des passe-temps qui peuvent plaire pour leur simplicité et naïveté, mais vous me confesserez aussi que tout ce que nous y voyons, est plus propre à des esprits