Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/112

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leurs promesses et leurs sermens ressemblent à ces grans esclats de tonnerre, dont le bruit n’est pas plustost cessé, qu’il n’en reste plus rien qui puisse estre apperçeu. Car de quel dieu ne prennent-ils point le témoignage, à quel supplice ne se soumettent-ils point, et quelles assurances refusent-ils de donner, quand ils veulent obtenir quelque chose de nous? et puis, quand cette humeur est passée, de quel dieu ne se mocquent-ils point, et de quelles excuses ne cherchent-ils de se couvrir, pour n’estre soumis aux chastimens qui leur sont deus? Mais si quelquefois le Ciel se lasse pour nostre bon-heur de souffrir cette engeance d’erreur sur la terre, nous les verrons en fin punis, nous les verrons chastiez, ou plustost exterminez de tout l’univers, comme le plus imparfaict, et le plus haïssable de tous les ouvrages des dieux, si toutesfois ce sont les dieux qui les ont faits, et non pas quelque Megere, ou quelque Alecton, pour nostre supplice, et pour nostre malheur eternel.

Diane qui écoutoit cette bergere, et qui avec la mauvaise satisfaction qu’elle pensoit avoir de Silvandre, n’en desaprouvoit pas entierement l’opinion, s’approchant plus pres d’elle, pour le desir qu’elle avoit de la voir au visage, ne le put faire si doucement, que faisant du bruit sans y penser, elle ne fut ouye de cette estrangere, qui pensant au commencement que ce fust un homme, s’en voulut aller pour la haine qu’elle portoit à ce nom. Mais en fin recognoissant