Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/119

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plus cheres amies de Dorinde?

Florice alors et ses deux compagnes jettants la veue sur elle, la recognurent en l’oyant parler, et la venant embrasser avec un extréme contentement, elles firent bien paroistre que l’on ayme mieux les personnes de sa patrie, quand on est en une contrée estrangere, qu’on n’a pas fait tant que l’on est demeuré ensemble dans le mesme pays, car elles ne se pouvoient donner le temps l’une à l’autre de la caresser à loisir, mais toutes à la fois, l’une la baisoit à la bouche, l’autre au front, et l’autre luy tenoit et serroit les mains, avec une si grande demonstration de bonne volonté, que peut-estre n’en avoit-elle jamais recogneu tant sur les rives de l’Arar.

Phillis qui vid ces grandes caresses, et qui se sentoit chargée de cette compagnie: Ma sœur, dit-elle assez bas à Diane, peut-estre sera-t’il bien à propos que nous laissions cette estrangere, avec celles-cy de sa cognoissance; j’ay peur qu’Astrée soit marrie si nous la luy conduisons devant que l’en advertir, tant à cause d’Alexis, que parce que, comme vous sçavez, elle sera vestue en druide. – Ma sœur, respondit Diane, je trouve que vous avez raison, et je suis extremément aise de la rencontre que nous avons faite de ces autres estrangeres ses compagnes, car je ne sçay comme autrement nous eussions pu honnestement nous en deffaire.

Cependant qu’elle parloient ainsi, Florice et les autres ne se pouvoient saouler de caresser leur compagne, et n’eussent si tost cessé sans Phillis, qui s’adressent à elles: Puis,