Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/121

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qu’elle vid que Diane se licentioit de la trouppe: Ma sœur, luy dit-elle assez haut, je vous supplie, attendez-moy, et je m’en iray tout incontinent avec vous, je suis contrainte de dire encore un mot à ces trois belles bergeres. Diane qui ne sçavoit ce que pouvoit estre: Dittes ma sœur, répondit-elle, tout ce qu’il vous plaira, je n’ay point de haste qui m’empesche de vous en donner le loisir. Phillis alors, adressant sa parole à ces trois estrangeres: Florice, dit-elle d’une voix haute et d’une façon grave, et toute autre qu’elle n’avoit accoustumé d’avoir, et vous Circene et Palinice, le Dieu vous fait sçavoir par moy ce que desia il vous a fait entendre par son oracle, qu’un mort vivant doit estre vostre medecin, et celle à qui l’on aura rendu, contre son gré, le bien qu’elle aura perdu de sa volonté. – O Dieu, s’escrirent-elles toutes trois en frappant des mains ensemble! ô Dieu, heureuse bergere, que le Ciel a destinée pour nostre entier repos et contentement, soient à jamais tous vos souhaits accomplis, comme il y a long-temps que les nostres plus grands estoient de vous pouvoir rencontrer. Et lors se regardants l’une l’autre: Mais n’est-il pas vray, se disoient-elles, que les dieux ne sont point trompeurs, et qu’en fin leurs promesses sont tousjours infaillibles. Et à ce mot, elles vindrent toutes trois saluer Phillis avec tant de joye, que Diane, et l’autre estrangere, qui ne sçavoient pas le sujet qu’elles en avoient, en demeuroient toutes estonnées; mais Phillis continuant son personnage, apres