Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/123

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autres semblables discours, se licentia d’elles, avec assurance de les mettre bien-tost hors de la peine en laquelle elles estoient; et par les chemins raconta à Diane, comme en la cherchant, elle les avoit rencontrées, et sans estre veue d’elles, les avoit ouyes discourir de cet oracle.

Elles s’allerent entretenant de cette rencontre, jusques à ce qu’elles arriverent en la maison d’Astrée, mais ne la trouvans guiere plus habillée qu’elle estoit quand elle en estoit partie: Hé! ma sœur, fit Phillis, faisant l’estonnée, je vous ay laissée. – C’est pour vous montrer, dit Astrée, que je ne suis point changeante. – Je veux dire, reprit Phillis, que vous n’estes non plus habillée, que quand ce matin je m’en suis allée chercher Diane, et qu’avez-vous fait depuis un si long temps? – Il faut, respondit Astrée, en sousriant, que vous vous soyez bien ennuyée où vous avez esté, puis que le temps vous a semblé si long, car je vous assure que vous ne faites que de partir d’icy. – Prenez garde, repliqua Phillis, que ce ne soit tout le contraire qui vous fait juger ce temps si court, je veux dire, que vous soyez tellement pleue en ce que vous avez fait, que les heures ne vous ayent semblé que des moments. – Si le contentement, reprit Astrée, a ce pouvoir, [69/70] j’avoue ce que vous dites, et toutefois, ma sœur, ne pensez pas que je sois demeurée sans rien faire depuis que je ne vous ay veue, car en ce peu de temps, j’ay acquis la plus belle maistresse qui fut jamais. – Et moy, dit