Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/141

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pas, et puis comme si elle se fust ressouvenue de quelque chose, elle s’en retourna encore plus viste vers Phillis, et luy dit assez bas: Souvenez-vous du brasselet de mes cheveux, car je desire en. toute façon le retirer, et puis je seray bien aise de sçavoir les discours que vous aurez tenus à cet amant délaissé de cette tant aymée Madonte. – Ma sœur, luy respondit Phillis, vous croyez un peu trop legerement, mais puis qu’il vous plaist, je parleray à Silvandre, et je vous en rendray responce. – Comment, reprit incontinent Diane, vous me rendrez response, ce n’est pas ce que je vous dis, car je ne veux, ny response, ny autre chose quelconque de luy, mais ce que je vous supplie de faire, c’est de retirer ce malheureux brasselet qu’il a de moy. Et si vous voulez prendre la peine de remarquer la mine qu’il fera quand vous le luy demanderez, vous me ferez plaisir de me le dire. – Je sçay bien, repliqua Phillis en sousriant, ce que vous voulez, laissez m’en le soucy, et vous en reposez entierement sur moy. A ce mot Diane s’en alla seule au plus grand pas qu’elle pust, [80/81] et sans presque oser regarder derriere elle, de peur de donner cognoissance de la passion qu’elle desiroit tenir secrette.

D’autre costé Alexis et Astrée qui s’estoient separées de la trouppe, afin de pouvoir plus librement s’entretenir des discours qui leur estoient tant agreables, ne furent pas plustost seules qu’Astrée pleine de contentement, reprit ainsi la parole: Je ne sçay, ma maistresse, quelle sera la fin de mon entreprise, ny à quoy le destin