Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/159

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vous me feriez mourir. – Quelque occasion, adjousta-t’elle, que vous nous donniez de vous hayr, je ne sçaurois toutesfois desirer vostre mort, ma hayne ne passant jamais si avant. Mais si vous voulez que nous nous separions un peu davantage, je vous diray bien sur ce propos que vous n’estes plus avec Diane aux termes que vous souliez d’estre, et que, si ce que l’on nous a dit de vous est vray, le tort vous en demeure, et à nous le desplaisir. — Bergere, dit alors Silvandre, la prenant sous le bras, et l’esloignant encor davantage, je vous supplie, si c’est pour me mettre en peine que vous parlez de cette sorte, de me le dire promptement, et vous contentez de celle en laquelle vous m’avez mis. – Berger, berger, respondit-elle, je ne vous dis rien pour vous mettre en peine, mais plustost pour le desir que j’ay de vous en voir dehors. Et me croyez, Silvandre, que je parle à bon escient: Diane est infiniment en colere contre vous, et si on luy a point menty, je dis que sa colere n’est pas sans raison. – Mon Dieu! Phillis, s’escria le berger, qu’est-ce que vous me dittes? – Je vous dis, repliqua-t’elle, la pure verité; et afin que vous cognoissiez que je ne ments point, sçachez qu’aussi tost qu’elle vous a veu, elle s’en est allée, et m’a donné charge de retirer de vous le brasselet que vous avez de ses cheveux, tant par ce que le temps qu’il vous estoit permis de le garder est escoulé, que d’autant qu’il n’est pas raisonnable que ce tesmoignage vous demeure de la bonne volonté d’une peronne pour qui vous n’en avez