Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/180

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

faille que ce soit luy qui la deffende contre ses ennemis! – Ce que j’ay fait, adjousta Silvandre, mais seulement jusques par de là l’endroit où Pàris avoit trouvé cet estranger… – Par ce, disoit Diane, qu’elle ne luy a voulu permettre de passer plus avant, et dequoy vous luy voyez encore la tristesse peinte sur le visage. – Mais en cela, continua Silvandre, pouvois-je faire moins sans faillir à mon devoir? Que si j’ay fait autre chose que ce que je dis, je veux, bergere, que la seconde vie que j’attends me soit desniée pour chastiment de ma faute. – Mais, repliqua Phillis, n’est-il pas vray, que si elle eust voulu l’eussiez suivie jusques en [103/104] Aquitaine? – Si j’eusse creu, respondit Silvandre, qu’elle eust eu affaire de moy, j’avoue que je l’eusse accompagnée plus outre, me semblant que chacun est tenu de defendre les affligez. – D’icy à quelque temps, disoit Diane, ce berger deviendra l’Hercule Gaulois, et nous le verrons aller la massue sur le col de province en province, pour combattre les monstres! – Mais, continuoit-il, que je l’en aye, je ne dis pas pressée, mais priée seulement, c’est une chose si fausse,… – que, disoit Diane, Silvandre ne l’est pas davantage. – Que je m’estonne, adjoustoit le berger, qu’il y ait eu quelqu’un assez effronté pour l’inventer, et pour l’oser dire. – Et toutesfois, reprit Phillis, si elle eust voulu de bon cœur, vous l’eussiez bien accompagnée davantage. – Elle ne m’en fit jamais refus, dit Silvandre, il est vray que je luy offris de la conduire en assurance jusques hors du Forests. – Amasis, disoit