Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/179

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les eussent entendues: et afin que vous en sçachiez la verité, ayez agreable que je la vous raconte briefvement.

Diane, qui à chaque reproche que Phillis faisoit au berger, eust bien voulu, ei elle eust osé, y en adjouster d’autres pour le convaincre entierement, oyant que Silvandre se preparoit de parler: Je m’assure, disoit-elle en elle-mesme, que si, en tout son discours, on le peust reprendre d’un mot de verité, ce sera bien contre son dessein, mais voyez avec quel visage il va mentir.Et lors Silvandre parla ainsi: Il y a long-temps, bergere, que Paris dit que cet estranger estoit venu en cette contrée avec un mauvais dessein contre Madonte, et que le voyant en peine de l’en advertir, je me chargeay de le luy faire sçavoir. – Il ne dit pas, reprenoit Diane, avec quelle promptitude il s’offrit à le faire, de peur que quelqu’autre le previnst en ce charitable office.

Cependant Silvandre continuoit: Or hyer au matin je la rencontray avec Tersandre, et me semblant que je serois blasmé de tout le mal qui en pourroit arriver, si je ne l’en advertissois, je le luy dis, ainsi que je m’en estois chargé. Et en mesme temps la voyant fondre toute en pleurs, j’avoue que je fus touché de compassion,… – Mais plustost de passion, disoit en elle-mesme Diane. – Et que pour l’assurer, continua Silvandre, contre l’outrage de cette personne incognue, je luy offris de l’accompagner avec telle quantité de mes amis qu’elle voudroit. – Il est peut-estre son ambacte, ou sonsoldurier, disoit Diane, qu’il