Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/199

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alors le supplia de les vouloir conduire vers ce Cloridamante, afin qu’ils pussent avoir plus promptement justice d’un tort qui avoit esté fait à toutes les bergeres de Lignon en la personne de celle qu’ils luy menoient. Silvandre, les oyant parler de cette sorte, et jettant les yeux sur la bergere qui avoit esté outragée, esmeu de sa belle presence, et de la modestie qui estoit en elle, comme aussi de l’offence generale, pensa estre obligé de les y conduire, quoy qu’il eust bien voulu demeurer seul pour plaindre sa misere et son desastre. Cela fut cause que sortant de ce buisson, il se mit devant pour leur enseigner le chemin, ayant opinion que s’il faisoit autrement, les dieux le luy pourroient imputer à offence, puis qu’ils les avoient addressez à luy.

Tant que le chemin dura, cette trouppe observa tousjours un perpetuel silence, qui ne fut pas un petit contentement à Silvandre avoit conduits, mais plusieurs autres qui les avoient suivis, et qui, poussez de curiosité, furent bien aises de sçavoir l’occasion de leur venue.

A peine Cloridamante fut entré dans la salle, et assis