Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/201

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faire difficulté de la croire. Non, non, dit Cloridamante, la verité est aussi bonne en la bouche de cette fille, qu’en celle de tout autre, pourveu que les parties avouent ce qu’elle dira. C’est pourquoy, si vous jugez tous qu’elle puisse estre bien informée de ce que nous demandons, Nous ordonnons que ce soit elle qui nous le fasse entendre; et tant s’en faut que nous rejettions le rapport qu’elle nous en fera, que nous l’estimerons d’autant plus veritable que l’innocence de son aage et de son sexe nous servira d’un tesmoing presque irreprochable.

Par le commandement donc du druide, et par l’élection de tous, cette fille parla de cette sorte. HISTOIRE DE SILVANIRE

Puis qu’il vous plaist, mon pere, que ce soit moy qui vous fasse entendre le sujet qui nous conduit devant vous, je le feray [116/117] avec toute la verité que vous le sçauriez desirer. Et quoy que vous ayez demandé une personne pour vous le raconter qui ne fust point interessée, et que veritablement je ne me puis pas dire telle entierement, car je suis amie des personnes qui sont les plus offencées et qu’outre cela je prends part à l’injure faite à toutes les bergeres de cette contrée, si est-ce que mon humeur, pour quelque interest que j’aye eu, n’a jamais esté de mentir, et moins en cette occasion, où il y va de la vie et de l’honneur de ceux desquels il faut que je