que Menandre son pere avoit fait dessein [124/125] de la marier avec Theante, l’un des plus riches et sages bergers de nostre hameau. Et encore qu’elle ne cognust presque pas celuy qu’on luy vouloit donner pour mary, elle vouloit entierement suivre la volonté de Menandre.
Un jour pourtant je la surpris qui, ne pensant estre ouye de personne, chantoit tels vers. STANCES Qu’il ne peut changer, quoy qu’il feigne le contraire. I
Il a menty, le parjure,
Quand il dit qu’il a changé
Car je ne suis que trop seure
Qu’il ne s’en peut aller sans avoir mon congé. II
Il dit, sçachant le contraire,
Qu’il est sorty de mes nœlig;uds,
Mais il ne le sçauroit fair
Jamais on ne les rompt, sinon quand je le vuex. III
Aussi celle qu’on estime
Avoir ouvert sa prison
Le rendroit atteint du crime
De beaucoup d’inconstance, et de peu de raison. IV
Qui pourrait croire sans blasme
Que celle qu’il teint d’aymer,
Pust allumer quelque flame