Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/24

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tant agitée, il sembloit qu’elle en eust mesme perdu la memoire. De sorte que ne pouvant blasmer en elle que ce qui ne la touchoit presque plus, et au contraire y ayant plusieurs choses qu’elle ne se pouvoit empescher d’estimer plus qu’en toutes celles qui la servoient elle regrettoit la perte qu’elle en avoit faite, et s’accusoit en quelque sorte de trop de promptitude, avec dessein de ne perdre point d’occasion de la r’appeller, et de la mieux traitter à l’advenir. Il est vray que, d’autant que naturellement chacun desire de couvrir les fautes qu’il a faites, et qu’elle n’eust pas voulu estre blasmée de legereté, ny d’inconsideration en cet esloignement de Leonide, elle alloit cherchant avec un soing extreme quelque bonne occasion de la faire revenir, sans qu’on se peust appercevoir du [10/11] sujet qui l’avoit separée d’elle; si bien que quand on luy dit que le trompeur Climante estoit revenu, et qu’elle entendit le desir qu’avoient Amasis et Adamas, de sçavoir si c’estoit le mesme faux druyde qui les avoit desja trompées, elle dit que Leonide mieux que tout autre le pourroit, recognoistre, quoy qu’elle sceust bien que Silvie en avoit autant de cognoissance, qu’elle, et pour ne perdre cette occasion donna charge au grand druide de la luy ramener promptement sans luy faire aucun semblant de tout ce qui s’estoit passé.

Leonide, au contraire, quand son oncle luy fit entendre la volonté de Galathée, voulut bien luy obeir,