Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/23

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par la ruine de celle de Lindamor, fit renouveller en Galathée l’amour presque aneantie qu’elle avoit portée à ce chevalier, et r’asseurer cette affection qui avoit esté tant esbranlée par les artifices, et de luy, et de Climante.

Mais parce que Lindamor estant fort esloigné d’elle, ne pouvoit si promptement estre le tesmoin des faveurs que cette amour renouvellée luy preparoit, Galathée mouroit d’impatience de n’avoir personne à laquelle elle peust ouvrir son cœur, sans crainte de descouvrir ce qu’elle cognoissoit bien estre tres-necessaire de celer. Car lors qu’elle jettoit les yeux sur ceux qui estoient autour d’elle, elle n’y voyoit personne qui fust capable de recevoir ce secret, d’autant que pour Silvie et sa nourrice, qui sçavoient une grande partie de ses plus secrettes passions, l’une luy sembloit trop jeune, et l’autre trop aagée; car encores que l’affection de toutes deux, et leur fidelité luy fussent assez cogneues, voire mesme la prudence et sagesse de Silvie, plus qu’il ne sembloit pas que son jeune aage peust comporter, si est-ce que ces affaires d’estat luy sembloient estre un trop pesant fardeau pour les leur confier.

Cette consideration estoit cause qu’elle alloit recherchant un bon sujet pour r’appeller Leonide auprés d’elle, se ressouvenant bien qu’elle n’avoit jamais eu occasion de soupçonner, ny sa fidelité, ny son affection, sinon pour le sujet de Celadon, duquel ayant maintenant l’esprit assez esloigné, pour les nouveaux accidens qui estoient survenus, et desquels elle estoit