Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/30

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cela? luy respondit-elle, j’estois tellement abusée par ses paroles, que tout ce qu’on me disoit au contraire m’estoit une offence. – Et depuis, adjousta Leonide, avez-vous sceu la verité? – O ma mie, dit la nymphe en souspirant, que j’ay bien eu le loisir d’apprendre à mes despens qu’il est un trompeur! – J’en loue Dieu, madame, dit Leonide, car vous aurez recogneu par la mon innocence. – Ne parlons plus de ce qui vous touche, repliqua la nymphe, j’en suis entierement hors d’opinion. Et croyez que si j’eusse peu trouver plustost la commodité de vous rappeler prés de moy, je l’eusse faict; mais je ne voulois point qu’on pust soupçonner en sorte quelconque le subject de nostre mauvais mesnage. Et toutesfois je vous jure, Leonide, que je ne vous ay jamais voulu mal; je me suis bien offencée contre vous pour la raison que je vous ay ditte, mais pour cela je n’ay laissé de vous aimer plus que toutes les autres qui sont en mon service! Et s’il ne faut pas que je laisse de vous blasmer un peu, de la façon dont vous traictastes avec moy; car avouez la verité, vous fistes sauver Celadon, et vous sçaviez bien que j’en estois abusée, et n’aviez-vous pas tort de vous opposer si fort à mes volontez? Confessez-le seulement, Leonide, car à cette heure je ne m’en soucie plus. – Madame, respondit-elle avec un petit sousris, vous avez bien envie de me faire avouer une faute que je n’ay point commise, et que je ne ferois difficulté de confesser maintenant que vous n’y avez plus d’interest. Mais je vous proteste que je ne